Page IMDb de Marion Denys

Comédienne - Metteur en Scène
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La Tragédie de Siâvosh / Rostam et Esfiandâr

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« Marion Denys, seule femme autour d’une équipe de sept comédiens, apporte la touche de grâce et de sensualité au spectacle. Elle possède une voix divine qui, comme les sirènes, charme et enivre. » La Théâtrothèque

« Spéciale mention à Marion Denys pour la douceur de ses métamorphoses… leur douleur aussi. La voix éperdue des femmes, épouse, mère et fille de toutes époques dépassant toutes frontières, résonna dans sa gorge noyée de larmes. » Radio FPP


LA TERRASSE

Après le succès de Rostam et Sohrâb, spectacle créé en 2012, Farid Paya complète sa Trilogie Ferdowsi avec deux nouveaux volets, installant les conditions scéniques d’un théâtre des merveilles.

Des combats et des caresses, des hommes courageux et des femmes traîtresses, des guerriers et des favorites, un prince vertueux et des rois gagnés par l’ivresse imbécile du pouvoir et la soif inextinguible du sang des ennemis, une magicienne vicieuse, des fœtus avortés et une ordalie par le feu : on se retrouve devant l’histoire de Siâvosh comme un enfant avide de récits terrifiants et drôles, comme les invités réunis pour une veillée, comme les membres d’une communauté ancestrale installés en cercle autour d’un sorcier enthousiaste : pantelant et ravi ! Un plateau nu, des artifices simples et économes (un peu de fumée, quelques pétales tombés des cintres), des costumes chatoyants (magnifique ouvrage d’Evelyne Guillin), une musique fascinante et suggestive qui fait souffler la tempête, cliqueter les armes, retentir les mortelles alarmes et bruisser les langueurs du harem (remarquable composition de Bill Mahder) : comme toujours dans le travail de Farid Paya, l’humilité revendiquée des moyens et la volonté d’un art sans affèteries laissent aux comédiens la tâche de faire naître, par la seule puissance du jeu, l’univers merveilleux dont la scène devient le cadre.

Aristocratique lecture du Livre des rois

Toute la troupe s’empare de la légende de Siâvosh avec autant de grâce dans le délié que de force dans l’effusion. Ce nouvel épisode du Shâh-Nâmeh (Le Livre des rois, composé il y a dix siècles par le grand poète Ferdowsi, qui y a transcrit toute la mythologie iranienne) raconte l’histoire du très sage fils de Kâvous, roi d’Irân. Le valeureux Rostam lui a tout appris de l’art politique et de celui de la guerre ; et lorsque Tourân attaque Irân, Siâvosh est chargé de défendre la terre de son père des appétits féroces du pays de sa mère… Les héros de cette Perse mythique ne sont pas sans rappeler des figures des légendes et de la tradition littéraire occidentales. L’apprenti structuraliste se plaira à retrouver Shakespeare chez Ferdowsi, Merlin en Rostam et Alexandre dans les traits de Thibault Pinson (Siâvosh). La connaissance très précise que possède Farid Paya de ce fonds universel, dans lequel il a souvent puisé, lui offre les moyens d’un spectacle qui sait se garder du folklore, et qui vise la beauté et le sens au-delà de leur incarnation culturelle. Paya le Persan œuvre ainsi à révéler un monde mal connu en Occident. Il le fait dans un langage qui se rit des frontières et des préjugés : celui du talent, éblouissant dans La Tragédie de Siâvosh, à découvrir dans Rostam et Esfandiâr.

Catherine Robert
La Terrasse


LE MONDE

Le Livre des Rois, « Le Shah Nâmeh «  de FERDOWSI, poète Iranien du 10èmesiècle est une œuvre poétique majeure du patrimoine Iranien. Elle est constituée de 120.000 vers et a demandé à son auteur trente années de travail. Il s’agissait pour son auteur de remonter aux sources de l’Iran en faisant débuter son histoire deux ou à trois mille ans avant l’empire de Cyrus au VI  siècle  avant J.C.

Avec un bel équipage, la Compagnie du Lierre, Farid Paya fait office de capitaine pour traverser cette mer de mots, 120000 vers comme autant de vagues avec un objectif précis, porter le message de FERDOWSI qui  en racontant les désastres provoqués par les conflits guerriers, entend exalter des valeurs de droiture et de  sagesse incarnées par  des héros qui luttent souvent en vain contre le mal, la soif de pouvoir, la cruauté et l’aveuglement des rois.

A cet égard la tragédie de SIAVOSH rapporte de façon très lisible l’histoire d’un homme, fils de roi, prêt à renoncer à tous les royaumes et même à sa vie pour rester fidèle à son désir  de justice et de paix.

A vrai dire, le désir de paix représente un véritable éveil de la conscience de SIAVOSH élevé pour faire la guerre, sans états d’âme. Il s’avère que ni l’idée du destin qui  présuppose que toute l’histoire des hommes est écrite et  qu’il n’y aurait donc rien à faire pour conjurer les calamités, ni les liens du sang ne peuvent obliger un homme à renoncer à sa propre conscience, dès lors que de ses décisions  peut dépendre la vie d’autres hommes.

Il faut reconnaitre que la notion  virile du guerrier en prend un grand coup. Il faut tout le souffle épique de FERDOWSI que dirige vers le public, la propre langue de Farid PAYA pour faire rejaillir le courage moral de SIAVOSH interprété très vivement par Thibault PINSON.

En lames de fond, tous les affects humains, jalousie, orgueil, vanité, esprit de vengeance, cupidité, soif de pouvoir, deviennent des vecteurs de guerres. Les royaumes sont rongés de l’intérieur et il faut des héros tels que SIAVOSH pour repenser l’unité et la paix.

La  mise en scène de Farid PAYA tire profit de la beauté de la salle en pierre de l’Epée de Bois. Un carré de soie moiré de couleur sombre surplombe trois marches d’une petite estrade. Mais grâce à la  clairvoyance de l’éclairagiste, le  carré de soie parait vibrer comme les plumes d’un oiseau fantastique, le phénix, tout le  long de la représentation, mais de façon imperturbable, il semble qu’il  représente la sagesse.

Les costumes de toute beauté nous renvoient à l’iconographie des miniatures persanes et les chants persans parfois accompagnés des compositions impressionnistes de Bill MAHDER, sont des flammes de voix, sorte de houle transversale de l’esprit ou du souffle.

Farid PAYA use d’une langue sobre et juste, sans affèterie, solide levier pour les voix énergiques des comédiens engagés dans un spectacle total puisque nous assistons également à des chorégraphies d’arts martiaux saisissantes.

Evelyne Trân
Théâtre au vent LeMonde.fr


THEATRAUTEURS

Second volet de la trilogie inspirée du Livre des Rois, récit mythologique persan que l’on doit au poète Ferdowsi, surnommé  » Le Recréateur de la langue persane  » Il s’agit d’une épopée riche en rebondissements faisant
état des affrontements de deux empires voisins.
– Siâvosh, fils de Kâvous – roi d’Irân, s’est vu enseigner l’art des armes par le célèbre Rostam dont nous avons fait la connaissance lors de l’épisode précédent. Or l’épouse royale va tomber amoureuse du jeune homme … Cette autre Phèdre, ne pouvant obtenir la réciprocité, cherchera à le perdre et le monarque amoureux fera
preuve d’une naïveté assez incroyable !
Une femme éconduite ne recule devant rien pour assouvir sa vengeance.
Après moult péripéties, le jeune guerrier ira se réfugier auprès du monarque voisin, ennemi de son père. Les honneurs qui lui seront rendus déclencheront la jalousie du frère de son hôte et son destin sera alors scellé.
Les Anciens faisaient beaucoup de cas des Oracles et tout ce qui fut prédit se réalisera. Exception faite concernant le rôle titre, chaque comédien interprète successivement deux ou trois personnages ce qui demande une souplesse de jeu assez remarquable même si cela constitue un frein à l’incarnation individuelle car tout va très vite. Ce théâtre est avant tout un théâtre d’action au cours duquel combats et chants sont réglés au millimètre près. Élégante sobriété de la scénographie, beauté indéniable des costumes tout est destiné à réjouir les yeux et contenter l’esprit.
En fin de représentation, un comédien rappelle les problèmes que rencontrent plus que jamais les intermittents du spectacle et ceux-là sont bien placés pour en parler eux qui ont déjà payé un lourd tribut au gouvernement précédent. Notre solidarité les accompagne.

Simone Alexandre
www.theatrauteurs.com